Aurore rose

13 février 2025 – 14 mars 2025

Vernissage le jeudi 13 février à partir de 18h

Artistes: HAN Qin  |  Florian MERMIN

Curateur: Ange LECCIA

Aurore rose propose un dialogue inédit entre les univers de Qin Han et Florian Mermin, où douceur et étrangeté s’entrelacent dans une logique onirique. L’exposition, pensée comme un rêve à deux, invite à une exploration des porosités entre l’organique et le symbolique, dans un équilibre troublant et sensuel.

Chez Qin Han, les corps flottent dans des espaces infinis, en apesanteur. Les figures féminines, stylisées et nues, évoquent un état primitif et harmonieux où les seins deviennent des nuages, les planètes des prolongements organiques. Dans ses collages et dessins, les teintes roses et rouges vibrent, insufflant aux formes une vitalité optimiste. Loin d’un réalisme descriptif, ses oeuvres célèbrent un rapport universel et instinctif au monde, où l’humain s’intègre à un tout cosmique.

En écho, Florian Mermin explore une nature empreinte d’ambivalence et de mystère. Ses sculptures, telles qu’Effleurement, où des mains griffues soutiennent des roses délicates, interrogent une sensualité ambivalente, à la fois tactile et olfactive. La nature, chez lui, se pare d’atours inquiétants et fascinants, oscillant entre attraction et répulsion. Par la présence des yeux, des griffes, des formes végétales et animales, il évoque une esthétique gothique où l’étrangeté côtoie le familier, rappelant l’imaginaire des récits fantastiques.

L’exposition elle-même se construit comme une ponctuation dans l’espace, les oeuvres venant rythmer l’expérience personnelle du spectateur. Dans les premières salles, les oeuvres dialoguent intimement : petites pièces de Qin Han et pétales céramiques de Florian Mermin s’observent, leurs formats se répondant dans une connivence délicate. La monumentalité du Pot-Pourri, avec ses épines piquantes, entre alors en résonance avec les collages roses et noirs, où le caractère serpentin des formes fait se rencontrer l’infiniment grand et l’infiniment petit, où le cellulaire et le cosmique fusionnent dans une continuité vibrante de la chair.

En avançant, les jeux d’échos formels se multiplient. Un collage en forme de cactus répond à une sculpture murale, semblable à un chapeau fait de branches, prolongeant cette ambiance organique et rêveuse. Mais c’est au sous-sol que les oeuvres se révèlent dans leur singularité.

Ici, les pièces se détachent des dialogues précédents pour s’affirmer pleinement : des sculptures anthropomorphiques et végétales occupent l’espace avec une autonomie nouvelle. Cette transition marque un glissement vers une exploration plus affirmée de la matière et de ses transformations, à la fois présence et trace. Les formes convoquent la mémoire tactile des gestes, tendue dans un dialogue entre l’éphémère et le durable.

Si Aurore rose s’inscrit dans la continuité d’un vocabulaire surréaliste connu, elle rappelle donc avec force combien ce langage reste opérant pour explorer la relation entre le corps et l’imaginaire. Les oeuvres de Qin Han et Florian Mermin déploient un espace où le songe vient se glisser dans le quotidien, invitant à revisiter des formes et des symboles qui, bien que familiers, conservent une puissance évocatrice intacte.

ARTISTE|HAN Qin

Qin Han (née en 1987 à Dalian, Chine) est une artiste visuelle diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris (2016) et de l’École des Beaux-Arts de Chine à Hangzhou (2010). 

Son univers artistique explore le corps, le rêve, l’amour et l’humour, des thèmes qu’elle interprète à travers une pratique visuelle singulière. En combinant avec finesse et ludisme des vocabulaires visuels variés, elle crée des configurations corporelles surréalistes suspendues dans un espace spirituel sauvage. Ses oeuvres invitent à pénétrer un monde intérieur intime, un espace que seuls le rêve et la psychanalyse peuvent révéler.

Lauréate de plusieurs prix, dont le Prix Thaddaeus Ropac et le Prix de la Fondation Jean-François et Marie-Laure de Clermont-Tonnerre, elle a également obtenu les félicitations du jury des Beaux-Arts de Paris. En 2024, elle a été sélectionnée parmi les trois artistes pour une résidence à Majorque organisée par la Galerie Continua.

Qin Han expose en France et à l’international dans des lieux de renom, tels que le Musée de la Chasse et de la Nature, le Palais de Tokyo, l’Espace Pierre Cardin, la Fondation Richard, la Fondation Brownstone, le Musée Bernard Boesch, le MAC VAL, le Musée d’art contemporain Ming à Shanghai , le Musée d’art du Guangdong à Guangzhou et la Triennale d’Echigo-Tsumari au Japon.

ARTISTE|Florian MERMIN

Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2015 avec les félicitations du jury, ses oeuvres ont été montrées dans de nombreuses institutions comme le Musée International de la Parfumerie à Grasse, le Frac Meca à Bordeaux, le Musée de la Chasse et de la Nature,  la Grande Halle de la Villette, au Palais des Beaux-Arts à Paris, l’Espace d’art contemporain Camille Lambert de Juvisy-sur-Orge, le Centre d’art contemporain Passerelle à Brest, la Fondation d’Entreprise Caisse d’Epargne pour l’art contemporain à Toulouse… et dans des expositions internationales comme à la Biennale de Lyon en France, au Museo Palazzo di Mocenigo de Venise et au Castello di Lajone à Quattordio en Italie.

Florian Mermin est le récipiendaire de nombreux prix ; le Prix de Fondation Sculpture / Installation (2016), le Prix Kristal du Salon de Montrouge (2017), le Prix Planète art solidaire organisé par Art of change 21 et la Maison Ruinart et le Prix de Sculpture Georges Coulon décerné par l’Académie des Beaux-Arts et l’Institut de France (2021).

Curateur|Ange LECCIA

Né en 1952 à Minerbio, dans la commune de Barrettali en Corse, Ange Leccia est un artiste contemporain français de renom, connu pour son travail en peinture, photographie et cinéma, avec une prédilection pour la vidéo.

Après des études en arts plastiques, il a développé une carrière artistique prolifique, exposant ses œuvres dans des institutions prestigieuses telles que le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, le Centre Georges Pompidou, et le Guggenheim Museum à New York. Ses créations ont également été présentées lors d’événements internationaux majeurs, notamment la Biennale de Venise et Documenta à Kassel.

En parallèle de son travail artistique, Leccia s’est investi dans l’éducation et la transmission des savoirs. Il a enseigné à l’École supérieure d’art de Grenoble et à l’École nationale supérieure d’arts de Cergy-Pontoise (ENSAPC). De 2000 à 2017, il a dirigé Le Pavillon, laboratoire de création du Palais de Tokyo à Paris, où il a encadré et inspiré de nombreux jeunes artistes, contribuant à l’émergence de talents comme Dominique Gonzalez-Foerster et Philippe Parreno.

Cinéaste accompli, il a réalisé plusieurs films, dont son premier court métrage, Stridura (1980). Son œuvre cinématographique, marquée par une recherche esthétique sur la lumière et le son, comprend des réalisations notables telles que Île de beauté (1996) et Gold (2000), co-produits avec Dominique Gonzalez-Foerster.

En 2022, Ange Leccia a présenté l’exposition « (D’) Après Monet » au Musée de l’Orangerie à Paris, proposant une interprétation poétique et sensible des célèbres Nymphéas de Monet.

En reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à la culture et aux arts, il a été nommé chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres, chevalier de l’ordre national du Mérite et chevalier de la Légion d’honneur.

Ange Leccia continue de vivre et de travailler entre Paris et la Corse, explorant divers médiums et poursuivant ses collaborations artistiques.